Nos conseils pour faire pouliner sa jument - Partie 2 – Kavale

Faire naître un poulain est un rêve pour beaucoup de propriétaires d’une jument. Alors quand on a suffisamment de terrain et le budget nécessaire, on peut vite être tenté de se lancer dans l’aventure. Il y a cependant un certain nombre de connaissances et compétences à avoir pour mener à bien ce projet sans que le conte de fée ne se transforme en galère.

Petits points sur les choses à savoir: de la recherche de l’étalon aux soins du poulain.

Dans la première partie, nous avons abordé les questions du choix des reproducteurs, les techniques de saillie ainsi que les notions administratives. Dans cette deuxième partie, nous aborderons la gestation, le poulinage et les soins à apporter au poulain.

Sommaire

1/ LE CYCLE SEXUEL DE LA JUMENT

2 / LA GESTATION

3/ LE POULINAGE

4/ APRÈS LA NAISSANCE

1/ LE CYCLE SEXUEL DE LA JUMENT

La jument connaît un cycle de reproduction saisonnier s’étalant environ de mars à octobre. Il est en lien direct avec la durée des jours et la lumière. Durant ces quelques mois, la jument va connaître plusieurs cycles ovulatoires. D’une durée moyenne de 21 jours, le cycle comprend une phase d’oestrus (chaleurs) durant laquelle la jument exprime des signes (plus ou moins prononcés), tels que le fait de lever la queue et de “clignoter” de la vulve en présence d’autres chevaux, uriner de petites quantités etc. L’oestrus se solde par une ovulation. S’il n’ y a pas de fécondation, la phase d’anoestrus survient, un nouveau follicule comportant l’ovule se développe jusqu’aux prochaines chaleurs où il sera libéré…

S’il y a fécondation, les premières cellules forment un “oeuf”, se développent en embryon puis en foetus: c’est la gestation . Elle va durer environ 11 mois.

1/ LA GESTATION

Chez la jument, la gestation dure en moyenne 340 jours. Durant les premiers mois on note très peu de changements mais lorsque le ventre commence enfin à s’arrondir, on prend alors réellement conscience que, bientôt, un nouveau compagnon sera là.

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LE DIAGNOSTIC DE GESTATION

Pour savoir si votre jument est gestante,  plusieurs solutions simples existent : 

La prise de sang: Si vous n’êtes pas spécialement pressé d’avoir un diagnostic, une prise de sang visant à déterminer si l’hormone sécrétée par le placenta est présente peut être réaliséeà partir du 45ème jour. Il existe également des détections via l’urine, mais elles ne sont pas des plus fiables. 

L’échographie: la méthode de choix, la plus fiable, reste l’échographie qui peut être réalisée à partir du 14 ème jour suivant l’ovulation. Il est d’usage de refaire une échographie entre le 30ème et le 35ème jour, permettant de confirmer la gestation et de vérifier qu’il n’y a pas de gestation gémellaire. En effet, chez la jument, la grande majorité des gestations gémellaires n’aboutissent pas et il est conseillé de stopper l’évolution d’un des deux œufs pour mettre toutes les chances de votre côté pour que cette gestation suive son cours.

 L’observation: attendre de voir si le cycle est stoppé (absence de chaleurs = gestation) ou si la jument retombe en phase d’oetrus . Cette méthode a deux limites. Tout d'abord, le corps jaune persistant. Lors de l’ovulation, un “corps jaune” se forme sur l’ovaire et il secrète de la progestérone, qui induit le comportement de refus de l‘étalon. Si la jument n’est pas gestante, il disparaît normalement au bout de quelques jours, permettant à de nouvelles chaleurs d’apparaître. Parfois, ce corps jaune reste en place sur une jument pourtant “vide”. Elle ne retombe pas en chaleurs mais n’est pas pour autant gestante.

Cette méthode est également à déconseillée sur les juments aux chaleurs discrètes.

L'ALIMENTATION DE LA POULINIÈRE

Elle doit être adaptée à son état corporel et au stade de la gestation. Les premiers mois de gestation ne nécessitent généralement pas d’apport spécifique autre que son alimentation normale (un apport de minéraux et vitamines, CMV, peut être ajouté si elle ne mange que de l'herbe/foin).

En revanche, lors de la fin de la gestation (à partir du 9 ème mois), le foetus connaît une explosion de son développement. Cela demande une surveillance particulière de l’état de la poulinière et un complément alimentaire pour permettre au foetus de se développer sans trop épuiser les ressources de sa mère. Les apports en fourrages de qualité ne doivent pas être vus à l’économie et il existe des compléments spécifiques d’élevage, votre vétérinaire pourra vous aider à calculer la ration.

Il faut veiller à ce que la poulinière soit vermifugée environ 1 mois avant la date du terme, avec une molécule tolérée lors de la gestation, là encore, votre vétérinaire pourra vous conseiller.

❓Je peux continuer à monter ma jument ❓

En théorie, monter une jument gestante n’est pas contre indiqué (sauf cas spécifiques), en revanche, certains conseils sont à prendre en compte pour éviter des complications tel qu’un avortement

Attendez que l’embryon soit “accroché”, soit 1,5 mois de gestation, avant de retravailler "normalement" aux 3 allures. Evitez le stress (transports non indispensables, concours…) Ralentissez voire stoppez si la jument montre des signes de fatigue et arrêtez de la monter les dernières semaines, lorsque son ventre commence à peser.

Si vous préférez laisser votre jument passer sa gestation sans être montée, c’est tout à votre honneur! Mais vous pouvez toujours vous promener à pied, la longer … pour la garder en forme et musclée. Durant la gestation, beaucoup de juments sont plus câlines et en recherche de contact que d’ordinaire; profitez-en !

3/ LE POULINAGE

La date du terme approche ou est dépassé, ces derniers temps les mamelles se sont beaucoup développées et le ventre est très “bas”; le poulinage n’est plus très loin! La majorité des juments met bas la nuit mais les naissances en journée peuvent également se produire.

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OÙ VA T'ELLE POULINER?

Que vous ayez choisi de la laisser H24 au pré ou que vous la rentriez au box la nuit, il est préférable que des humains puissent l’avoir “sous les yeux” afin d’assurer une surveillance pour pouvoir agir rapidement si une complication venait à se présenter.

Si vous décidez de la rentrer au box pour le poulinage, l’idéal est de l’habituer à rentrer chaque soir au moins 3 semaines avant le terme. Foin, eau, ration de compléments, litière confortable.. mettez tout en oeuvre pour qu’elle s’y sente bien. Le box de poulinage doit être assez vaste pour permettre à la jument de se coucher sans être trop proche d’un mur, ce qui gênerait la sortie du poulain. Il faut également qu’elle et son poulain y soient à l’aise et puisse se coucher tous les 2 lorsqu’il sera là. Il faut prévoir un box de 3mX4m minimum (à adapter en fonction du gabarit de la jument).

Vous pouvez également faire le choix de la mettre en pension chez un professionnel qui gérera le poulinage et les soins pour vous, c’est souvent un gage de sécurité. Dans ce cas, la jument devra y être emmenée au plus tard 1 mois avant le terme, afin que son immunité pour cet environnement soit faite pour la naissance du poulain.

Certaines cliniques vétérinaires accueillent également les juments pour le poulinage. Cela peut être une bonne solution si votre jument présente un risque au poulinage et que vous habitez loin d’un vétérinaire équin.

LES DERNIERES SEMAINES

Que vous ayez choisi de la laisser H24 au pré ou que vous la rentriez au box la nuit, il est préférable que des humains puissent l’avoir “sous les yeux” afin d’assurer une surveillance pour pouvoir agir rapidement si une complication venait à se présenter.

Si vous décidez de la rentrer au box pour le poulinage, l’idéal est de l’habituer à rentrer chaque soir au moins 3 semaines avant le terme. Foin, eau, ration de compléments, litière confortable.. mettez tout en oeuvre pour qu’elle s’y sente bien. Le box de poulinage doit être assez vaste pour permettre à la jument de se coucher sans être trop proche d’un mur, ce qui gênerait la sortie du poulain. Il faut également qu’elle et son poulain y soient à l’aise et puisse se coucher tous les 2 lorsqu’il sera là. Il faut prévoir un box de 3mX4m minimum (à adapter en fonction du gabarit de la jument).

Vous pouvez également faire le choix de la mettre en pension chez un professionnel qui gérera le poulinage et les soins pour vous, c’est souvent un gage de sécurité. Dans ce cas, la jument devra y être emmenée au plus tard 1 mois avant le terme, afin que son immunité pour cet environnement soit faite pour la naissance du poulain.

Certaines cliniques vétérinaires accueillent également les juments pour le poulinage. Cela peut être une bonne solution si votre jument présente un risque au poulinage et que vous habitez loin d’un vétérinaire équin.

LES DISPOSITIFS DE SURVEILLANCE

Pour être présent lors du poulinage et ainsi pouvoir agir en cas de problème, plusieurs solutions existent:

La ceinture de poulinage: cette sorte de surfaix vous envoie une alerte si la jument se couche pour pouliner. Le point + : pas besoin de mettre le réveil, vous serez averti. 

La caméra: elle se place dans un coin du box, il vaut mieux en choisir une avec une bonne vision infra rouge, sinon difficile de déterminer si la jument se repose ou si un poulain pointe le bout de son nez. Le point +: c’est une solution peu onéreuse.

Les aimants: c’est un dispositif à fixer sur la vulve de la jument quelques jours avant le terme. Lorsque la vulve s’ouvre pour le poulinage, les aimants s’écartent et une alerte est envoyée. Le point +: très fiable.

Se lever: si aucun moyen technologique ne peut être mis en place, les réveils nocturnes sont la solution restante. Il faut se faire discret et habituer la jument à ces visites de surveillance quelques jours avant le terme. Le point +: … ça vous permet de profiter de l’air frais et du calme de la nuit …

LES SIGNES ANNONCIATEURS

Généralement, les juments sont assez discrètes et cachent bien le début du travail. Cependant, certains indices pourront vous aider à savoir si le poulinage approche:

◼️ Les mamelles sont congestionnées, le liquide transparent se transforme en liquide blanchâtre et collant. Des bouchons appelés “cire” peuvent se former et chez certaines juments, du lait coule carrément tout seul.

◼️ Les muscles autour de la base de la queue se relâchent, la croupe semble inclinée (“cassée”)

◼️ La vulve s’allonge

◼️ L’appétit peut être capricieux dans les derniers instants, la jument peut sembler inconfortable, elle peut gratter, se coucher et se relever plusieurs fois(symptômes de coliques), faire le flehmen…

◼️Le PH et le calcium du lait se modifient (possibilité de les doser chaque jour pour suivre l’évolution)

⚠️ Attention, certaines juments sont les reines de la dissimulation et vous ne verrez aucun signe avant que le poulain ne sorte! 

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LE DÉROULEMENT DU POULINAGE

Au début, seule une petite poche remplie de liquide apparaît à la vulve. La jument se couche et se relève plusieurs fois. Lorsque les antérieurs du poulain apparaissent, elle reste généralement couchée et de grosses contractions expulsent le poulain en quelques minutes

Une fois né, la jument doit normalement s’intéresser au nouveau venu et le lécher.

Le poulain reprend alors ses esprits et commence à montrer un réflexe de succionIl cherche rapidement à se mettre debout pour pouvoir aller téter et bénéficier du premier lait, riche en nutriments et anticorps: le colostrum.

❓QUAND FAUT-IL APPELER LE VÉTÉRINAIRE ❓

◼️ La jument pousse depuis plusieurs minutes, s’épuise, mais que vous ne voyez aucune poche sortir  (ou la poche/le poulain a commencé à apparaitre mais il semble ne plus avancer) 

◼️ La jument arrête de pousser plusieurs minutes alors que le poulain a commencé à sortir

◼️ Le poulain ne se présente pas avec les 2 antérieurs et le nez tendus en avant(1 antérieur replié, présentation par le siège, tête retournée etc…)

◼️ Le poulain ou la jument semble avoir du mal à respirer

◼️ Le poulain ne se lève toujours pas au bout de 1h30

◼️ Le poulain ne tête pas une fois debout

◼️ Le poulain n’a pas expulsé le méconium (premier “crottin”) au bout de 4h

◼️ La jument n’expulse pas le placenta dans les 3h

◼️ La jument semble en colique

Bien évidemment, cette liste n’est pas exhaustive. Tout ce qui vous semble suspect doit faire l’appel à un vétérinaire qui vous dira au téléphone ce que vous pouvez faire et si cela nécessite sa venue. Il vaut mieux appeler pour rien que de risquer de perdre votre jument, son poulain…ou les deux.

Attention, normalement, la poche dans laquelle le poulain est situé se rompt et s’écarte de son nez pendant le poulinage. Si vous remarquez que le poulain a été expulsé mais que la poche est toujours intacte et/ou qu’elle est posée sur son nez, vous pouvez la découper vous-même et lui dégager les naseaux…

4/ APRÈS LA NAISSANCE

LES SOINS AU POULAIN

Une fois arrivé sur terre, le poulain se lève généralement dans l’heure. C’est important qu’il se lève rapidement pour téter et profiter des bienfaits du colostrum: le “premier lait” qui contient des éléments essentiels à sa santé, tels que des anticorps.

S’il n’est toujours pas debout au bout de 3h, mieux vaut appeler un vétérinaire qui examinera la situation et cherchera la cause. En attendant, vous pourrez traire la jument et donner le colostrum au poulain à l’aide d’un biberon.

Le méconium, matière présente dans ses intestins, doit être évacué dans les 4h: une rétention du méconium peut provoquer une occlusion. Pour éviter ça, si il n’a pas été expulsé au bout de 4h, vous pouvez administrer un laxatif (microlax bébé). Si malgré cela, rien ne sort: il faut appeler le vétérinaire.

La délivrance est le nom donné à l’expulsion du placenta. Elle survient généralement assez vite après le poulinage: la rétention placentaire est une urgence. Si dans les 6h le placenta n’a pas été expulsé, le risque d’infection grave et de fourbure est grand pour la jument.

Certaines primipares (jument dont c’est le premier poulain) ne se laissent pas téter par leur poulain au début. Vous pouvez les aider en tenant la jument au licol et en désensibilisant petit à petit en aidant le poulain à trouver la mamelle (en faisant attention aux coups de pieds). En général, une fois la première tétée passée, la jument se laisse téter par la suite. Si malgré votre aide, le poulain n’a pas accès aux mamelles, prenez conseil auprès de votre vétérinaire.

 

Le lendemain de la naissance, un vétérinaire devra venir pour effectuer un sérum antitétanique (éventuellement sérum trivalent) et vérifier et désinfecter le cordon ombilical. Il en profitera pour s’assurer que la jument est en bonne santé, qu’elle a bien évacué tout le placenta (l’idéal est de conserver le placenta dans un seau pour que le vétérinaire puisse l’étaler et regarder s’il est complet)

Il pourra également vous conseiller pour la suite des soins tels que les vermifugations et la vaccination de votre nouvel ami.

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LA DÉCLARATION DE NAISSANCE ET L'IDENTIFICATION

Pour que tout soit en ordre et établir le carnet de votre poulain, il vous faut déclarer la naissance sur le site du SIRE dans les 15 jours suivant sa naissance. C’est LE moment où vous allez officiellement choisir son nom.

Dans les 8 mois suivant sa naissance (et avant son sevrage), vous devez faire effectuer sa première identification par un identificateur agréé (agent IFCE ou vétérinaire) et la renvoyer avant le 31 décembre de son année de naissance.

Vous recevrez alors son carnet et le bordereau qui vous permettra d’assurer la gestion de la propriété en ligne.

 

Attention, selon les races, certaines démarches peuvent différer.

 

Toutes les informations sont disponibles sur le site de l’IFCE 

Pour toutes questions concernant les démarches, les soins à apporter etc. n’hésitez pas à vous rapprocher de votre vétérinaire et à vous rendre sur le site de l’IFCE.

Pour ceux et celles qui auraient manqué la 1ère partie de l’article sur faire pouliner sa jument, la voici.

Et voilà, vous avez désormais un aperçu de ce que représente l'aventure de la mise à la reproduction de votre jument.

N'hésitez pas à vous renseigner plus largement auprès de votre vétérinaire ou de l'IFCE

A bientôt pour un nouvel article ! 

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